Jour 9 –7 octobre Thame
À notre réveil le ciel était complètement bleu et à la vision des montagnes environnantes on est envoûté. Nous sommes à un emplacement incroyable. Journée d'acclimatation aujourd'hui, nous demeurons à Thame. Nous partons pour le monastère vers 9.00h afin de pouvoir rencontrer un Lama, moine Bouddhiste, afin qu'il fasse une prière pour que notre expédition se passe bien. Ce monastère a été construit il y a 350 ans. Nous assistons tous assis par terre à cette cérémonie qui était vraiment spéciale pour nous tous car c'était une première. Après nous retournons au camp et profitons pour faire un peu de lavage. Aujourd'hui j'ai moins d'effet mais encore un peu mal à la tête. Les effets du l'altitude sur le corps humain sont vraiment spéciaux, je n'en reviens pas. Annie a vraiment de la difficulté, elle est toujours à bout de souffle. Après le dîner j'en profite pour laver quelques morceaux de linge. Et après encore un bon souper, vraiment on mange bien en trek comme c'est pas possible, on va se coucher.
Jour 10 – 8 octobre Thame / Langden
Après la pire nuit à date, je me lève très fatigué n'ayant dormis que quelques heures. Le problème est que la nuit dernière j'ai fait de l'apnée du sommeil. Je me réveillais fréquemment avec l'impression de manquer d'air. En plus lorsque ça m'arrivait je m'assoyais et essayais je prendre de grandes respirations et ça ne fonctionnait pas. Lorsque je respirais profondément je n'arrivais pas à bien respirer. C'est comme si je respirais par une paille, c'était paniquant. Ce matin Annie m'a demandé de rester avec elle tout au long de la journée et pour le reste du voyage, à cause de sa lenteur elle avait besoin de ma présence pendant toute la journée. Avant ce jour je n'étais pas toujours avec elle car je marchais au milieu du groupe qui était à ma vitesse de marche. Et de temps en temps je ralentissais pour voir comment allait Annie. Cette portion du sentier est superbe entre Thame et Langden. Une heure environ avant d'arriver à destination, Karma prend le sac d'Annie afin de l'aider. Elle dit qu'elle a mal dans le dos. Nous arrivons à Langden 4300m pour le dîner. Le campement est installé près d'un Lodge, mais ici les toilettes ne sont pas possibles. Ce sont les pires que nous ayons vues et je ne crois pas que ça pourrait être pire que cela. Ici il fait froid et nous mangeons dans une tente pour souper pour la première fois. Nous portons nos manteaux en duvet et nos gants. Au menu; spaghetti sauce tomate et fromage râpé, patates frites, jambon, riz blanc et des poires pour dessert. Ensuite on se dépêche pour se glisser dans nos sacs de couchage et se réchauffer.
Jour 11 – 9 octobre Langden / Relama Thso
Encore une mauvaise nuit de sommeil, j'ai encore eu le même problème qu'hier. J'ai fait de l'apnée du sommeil et eu de la difficulté avec ma respiration. Je m'inquiète pour la suite du trek avec ce problème. Je n'ai dormis que 3 heures environ cette nuit avec ce problème et je commence à être fatigué avec ce manque de sommeil. Chantal me conseille de faire quelque chose pour changer le rythme et de donner un autre signal à mon cerveau, tel que lire, marcher. Ce matin je n'ai pas faim. Je ne mange qu'un peu de porridge et un morceau d'omelette au fromage et c'est difficile à avaler. Le manque d'appétit est un effet de l'altitude. Nous avons une petite journée au programme, environ 4.00h et seulement 500m. de dénivelé. Notre destination est Relama Thso 4970m. Le campement est installé près d'un lac entouré de hautes montagnes sans aucune infrastructure, en pleine nature. On arrive à l'endroit, les autres sont déjà là et le dîner est prêt. On mange dehors et il faut beau soleil, nous sommes biens. Un peu plus tard le vent se lève et il commence à faire froid. La respiration commence à être plus difficile à cette altitude. Karma m'a suggéré d'ouvrir les ouvertures à l'intérieur de notre tente pour mon problème de manque d'air, ce que je fais. Demain sera une dure journée et nous devons nous lever à 5.30h pour déjeuner à 6.30h. Nous allons faire le Renjo Pass 5343m et nous rendre à Gokyo 4790m. Il fait froid sous la tente pour manger mais nous sommes biens habillés pour la température. On chauffe l'intérieure avec le fanal mais c'est pas chaud quand même. Ce soir on soupe à 18.00h et l'appétit nous manque pour plusieurs, l'altitude fait son effet. Nous n'avons pas beaucoup mangé et nous avons retourné plusieurs plats à moitié plein. Ce soir on se couche très tôt car on doit laisser la tente-repas aux sherpas et aux porteurs, car elle va servir de dortoir.
Jour 12 – 10 octobre Relama Thso / Renjo Pass / Gokyo
Levé comme prévu à 5.30h après encore une courte nuit de sommeil. Enfin l'apnée du sommeil et l'effet de manque d'air ont disparu. Ce matin l'équipe de la cuisine a commencé à faire du bruit à 4.00h. J'ai un peu mal au cœur ce matin, mais rien de grave. On part à 7.20h, mais encore une fois je n'ai pas beaucoup mangé. Aujourd'hui, nous prévoyons tous une dure et longue journée. La montée vers le Renjo Pass s'est faite dans la roche et ensuite dans la neige. Ça été très très difficile pour Annie et je dois avouer que j'ai trouvé cela difficile aussi. Je pense que mon manque de sommeil et le fait que je n'ai pas assez mangé doit y être pour quelque chose. J'ai encouragé Annie tout au long, elle se demandait encore pourquoi elle était la plus lente du groupe. J'ai trouvé qu'Annie avait un bon moral, malgré qu'elle trouvait cela difficile, elle était convaincu qu'elle arriverait jusqu'à notre destination finale. Je lui disais qu'il n'est pas important d'arriver les premiers, mais le but c'est d'y arriver. Tout au long de la journée Karma et Pemba ont porté son sac à dos afin de l'aider. Ils ont été d'une gentillesse, l'ont eux aussi encouragée et ils sont restés avec nous tout au long. Finalement nous atteignons 5343m et le Renjo Pass dans la neige, tout le monde se sont regroupés et ont applaudi Annie pour avoir atteint cette étape du trek. J'ai trouvé cela émouvant pour elle que tous l'encourageaient. Nous prenons un repos et essayons de manger le lunch que l'on nous a donné ce matin. Nous n'avons pas faim, la fatigue, l'altitude probablement les deux. Nous devrions avoir faim avec toute l'énergie dépensée. Nous mangeons quand même mais pas tout le contenu de notre sac. Les autres quittent pour Gokyo 4790m, nous restons encore un peu pour prendre un peu plus de repos avant de partir. La descente vers Gokyo fut longue et pénible. À environ 1.30h de notre destination, Yula, un aide cuisinier est parti de notre futur campement et est arrivé à notre rencontre avec une bouilloire remplie de jus de raisin et des tasses. Ils sont incroyables ces gens là. Nous arrivons au campement vers 15.00h, une soupe est servie et on en mange un bon bol. Nous avons mangé mais pas beaucoup malgré que nous n'avions peu mangé dans la journée. Arrivé au souper, tous les gens n'avaient pas bien faim. Pour le dessert, le chef cuisinier nous avait préparé un gâteau aux épices avec un bon crémage pour fêter notre passage du Renjo Pass. C'était même inscrit Renjo Pass sur le gâteau. Nous en avons mangé seulement la moitié. Il y avait même une bouteille de Whisky pour la fête, mais personne ne voulait prendre de l'alcool dans l'état général actuel.
Jour 13 – 11 octobre Gokyo
Aujourd'hui c'est une journée libre, nous sommes réveillés à 6.30h avec le thé noir et à la table pour déjeuner à 7.00h. À cause de la difficulté qu'Annie a eue hier et son état de fatigue nous avons décidé de ne pas suivre plusieurs d'entre nous qui ont décidé d'aller au sommet du Gokyo Ri 5360m. Nous avons décidé et quelques autres, de prendre une journée de repos et de rester dans les alentours du campement. Karma nous demande ce que nous allons faire et ensuite il nous dit que les deux prochaines journées ne seront pas trop difficiles. Nous allons sur la crête en arrière du village. De là peut y voir, Gokyo Ri, le glacier Ngozumpa, Chola Peak, etc. Nous nous sommes assis sur une roche et on mange les restes de notre lunch d'hier en admirant ce magnifique panorama. On retourne au village et on s'assoit sur une roche pour écrire notre journal. On a dîné vers 14.00h, car on voulait attendre que tout le monde soit revenu. Le soir il fait encore froid pour le souper et on se couche vers 20.00h.
Jour 14 – 12 octobre Gokyo / Machermo
Durant la nuit, Annie se réveille et s'aperçoit que lorsqu'elle respire profondément elle fait un râlement comme un bruit d'eau. Pas bon comme bruit, elle me dit que c'est le même bruit que sa mère avait lorsqu'elle avait de l'eau sur ses poumons. J'écoute et c'est effectivement vrai. Bon, ce n'est pas bon signe, qu'est-ce que l'on fait? Je lui dis d'aller en parler à Chantal, même si l'on est en plein milieu de la nuit. Elle y va et Chantal écoute, prend son pouls et son taux de saturation en oxygène et lui dit que l'on va attendre au matin pour prendre une décision. Nous pensons la même chose Annie et moi, c'est un oedème pulmonaire. MALHEUR!!! Annie est un peu découragé car elle est très motivée d'atteindre notre destination finale que nous rêvons depuis plusieurs mois qui est Kala Pathar et le camp de base de l'Everest. Je lui dis que je serai déçu si nous ne pouvons continuer notre route avec les autres mais que sa santé est plus importante que n'importe lequel but et destination. Au matin Chantal prend des nouvelles d'Annie et fait des vérifications encore. Le diagnostique est : oedème pulmonaire. Après avoir consulté Karma, ils nous rencontrent tous les deux pour nous donner les alternatives à cette situation. Le choix est l'évacuation immédiate par hélicoptère ou de descendre en plus basse altitude. Le premier choix est plus simple d'organisation et le second demande plus de personnes et nous ne sommes pas certains du résultat. Nous nous informons et le village le plus près en descendant - Machermo 4470m - a une clinique où nous pourrons voir un médecin. Karma dit qu'il nous fera accompagner d'un sherpa et un porteur si nous choisissons de descendre à pied. On se consulte Annie et moi et on décide de descendre par nos moyens. Annie se sent capable et si ça ne va pas bien après la visite à la clinique on se fera évacuer. Nous partons avec les autres membres de l'équipe et à une intersection ce sont les au revoir et les accolades. En faisant une accolade à Chantal, elle me dit à l'oreille « Jure-moi que tu n'attendras pas plus de deux jours si ça va pas mieux ». Avant de partir on se donne rendez-vous à une date précise pour rejoindre le groupe lors de la descente. On arrive en après-midi à Machermo et après avoir porté nos choses dans notre chambre d'un Lodge, on se dirige vers le Rescue Post pour voir un médecin. C'est une clinique de médecins volontaires qui est en fonction seulement durant la haute période. Nous rencontrons deux médecins de l'Angleterre, très gentilles. Le coût d'une consultation est de $50.00 US. et c'est une contribution volontaire. Après examen elles viennent au même diagnostique et la recommandation est de continuer de descendre d'altitude. Et si elle ne passe pas une bonne nuit, il faudrait prendre ½ comprimé de Diamox afin d'éliminer l'eau sur les poumons plus rapidement. Seulement 2% des gens font un oedème pulmonaire en haute altitude, pas chanceuse Annie. Suite à cette consultation, nous décidons de continuer à descendre et rejoindre le groupe à Panboche et Tangboche. Donc la portion du temps que nous ne serons pas avec le groupe nous allons coucher et manger dans des Lodges. Mais il faut dire que la nourriture dans un Lodge n'est pas terrible. Dans le sens que nous avons juste le plat que nous commandons, et si on l'aime plus ou moins, on n'a pas le choix de le manger. Nous avons déjà hâte de revoir notre cuisinier. Nous discutons avec un groupe de français qui font le sentier sens contraire de ce que l'on a fait. Ils montent vers Gokyo et ensuite ils feront le Renjo Pass. Ensuite Pemba est venu s'asseoir avec nous pour discuter. Il a 23 ans et il étudie en administration et a plein de rêves.
Jour 15 – 13 octobre Machermo / Phortse Thanga
Après une autre nuit à ne presque pas dormir, on se lève pour préparer nos sacs. Annie a encore un râlement lorsqu'elle respire, ce n'est pas bon!!! Mais elle ne tousse pas. Donc elle doit prendre du Diamox, elle commence ce matin. Après un déjeuner pas terrible, nous partons vers 8.00h en direction de Phortse pour son altitude. C'est encore difficile pour Annie malgré que nous continuions à descendre. Nous arrêtons dans un Lodge pour dîner et on continu après s'être reposé un peu. En discutant avec Pemba on décide d'aller à Phortse Thanga avant Phortse, qui est en plus basse altitude : 3675m. Annie veut absolument aller le plus bas possible au plus tôt. Nous arrivons au River Resort vers 13.30h, on s'installe et ensuite on prend un Coca-Cola sur la terrasse au soleil. La dame est très gentille comparé à celle d'hier. Nous commençons à planifier où et quand nous pourrons rejoindre le groupe. En après-midi on se rend à notre chambre pour se reposer un peu, moi je réussis à dormir un peu. Vers 17.30h on se rend à la salle à manger pour le souper vers 18.00h. Annie dit que je maigris à vue d'œil lorsque je mange moins. Faut dire que je ne mange pas beaucoup depuis quelques jours. On décide que demain sera une courte journée car nous nous rendons seulement à Phortse qui est le village voisin mais un peu plus haut en altitude. Annie retient tellement de l'eau qu'elle est tout enflée, chevilles, genoux, jambes et cuisses, c'est pas croyable. On se couche tôt afin de récupérer le plus possible.
Jour 16 – 14 octobre Phortse Thanga / Phortse
Ayant passé tous les deux une première bonne nuit depuis longtemps nous déjeunons et sommes prêts vers 8.30h pour se rendre à Phortse. C'est une courte distance mais en pente montante du début à la fin. Nous arrivons très tôt et déposons nos choses dans notre chambre qui est très propre. Une autre journée en basse altitude fera certainement du bien à Annie. On se promène dans le village et on s'installe près d'un Stupa en direction de la vallée vers Namche Bazar. On prend nos journaux de voyage et on écrit des notes tout en admirant le paysage. Vraiment superbe tous ces sommets enneigés… Après le dîner on avait demandé à Pemba d'aller visiter le monastère. Mais en se dirigeant vers celui-ci Annie demande à Pemba de nous emmener plutôt sur une partie élevée du village mais en direction de Tangboche. On marche pendant un certain temps et on s'installe en face de Tangboche qui est de l'autre côté de la vallée. Il fait un temps superbe. On y passe une bonne partie de l'après-midi à discuter et admirer la région. On commence à avoir hâte de revoir le groupe et de manger les bon repas de Pasang le chef cuisinier de l'expédition. On compte les jours.
Jour 17 – 15 octobre Phortse / Pangboche
Nous avons eu une nuit écourtée par des bruits de souris et même plus gros que des souris qui se promenaient dans le plafond, le plancher et le mur près de notre tête de lit. Après le déjeuner on prend le sentier qui nous mènera à Pangboche. Ce sentier est à flanc de montagne et monte continuellement pour redescendre rendu à destination. Parfois le sentier est très étroit et près de précipices, Annie n'apprécie pas quelques passages étroits... Nous avons de superbes vues tout au long du parcours. Lors du passage en face de Tangboche, nous entendons le bruit de l'instrument de musique que les moines Bouddhistes se servent durant leurs cérémonies. Nous serons là dans quelques jours pour y assister. Nous arrêtons dans la partie haute du village de Pangboche pour le dîner. Personnellement je n'aurais jamais arrêté là. Lorsque nous avons passé la porte d'entrée, nous devions nous pencher pour ne pas se frapper la tête. Passé l'entrée c'était presque une étable, avec un endroit plein de paille et où ça sentait l'humidité, nous montons à l'étage pour arriver dans la salle à manger. Pas vraiment invitant et plus ou moins propre. La dame semblait plus ou moins organisée. On dirait qu'il n'y avait pas grand monde qui s'arrêtait chez elle. J'avise Pemba que je ne voulais pas rester ici et surtout pas coucher dans ce Lodge. Il me répond que nous allons seulement manger et nous irons chercher un autre endroit pour dormir. Je crois qu'il était trop poli pour quitter immédiatement. Après dîner on descend au village pour trouver un endroit pour dormir. Nous avons remarqué un bel endroit, mais c'était hors de notre budget, $150.00 US la nuit. C'est pas possible un endroit pareil dans un petit village comme ça à ce prix là. On est loin du respect de l'environnement. On trouve un endroit acceptable vers la fin du village. On entendait des discussions dans la salle à manger. Dont une qu'un homme a dû être évacué d'urgence après être descendu de Kala Pathar, il a fait un oedème pulmonaire et cérébrale. En plus de trois autres personnes qui ont elles aussi dues être évacuées. J'ai demandé à Pemba d'essayer de rejoindre Karma avec son cellulaire pour l'avertir que nous rejoindrons le groupe à Deboche et non à Dingboche, tel que prévue. Il lui laisse un message dans sa boîte vocale ou un message texte, je ne suis pas certain. Ce soir Pemba nous a montré son cahier de ses cours de français. Nous avons révisé ses notes et l'avons corrigé à l'occasion. C'est pas mal bruyant à l'intérieur de la salle à manger avec tous ces enfants. Enfin, nous avons eu un souper pas si mal. Tout en mangeant on se rappelle notre journée et l'on se trouve très chanceux de vivre cette belle aventure et d'être dans ce décor féerique.